Bénin: Les communautés à l'épreuve de l'adaptation aux changements climatiques


Par Rédigé le 19/03/2013 (dernière modification le 19/03/2013)

Dans le village de Ouêdo-Wo (commune d'Adjohoun) où les communautés sont condamnées à subir les effets des changements climatiques, la vie a tourné ces derniers années au cauchemar. Aujourd'hui, grâce à l'accompagnement du Programme d'action national d'adaptation aux changements climatiques du Bénin (PANA1), les producteurs de ce village retrouvent progressivement l'espoir. Désormais, la vie avec les changements climatiques est rendu possible.


Un des bénéficiaires du programme PANA1 dans son champ de piment. Photo (c) AT
90 mm de pluie. C'est la quantité de la dernière pluie dans le village de Ouêdo-Wo dans la commune d'Adjohoun, l'un des villages de démonstration du programme d'action national d'adaptation aux changements climatiques du Bénin (PANA1). Une pluie qui aura fait partie en fumée plus de 50 ha de productions laissant les communautés dans un profond désarroi.
Mais de telles catastrophes, les communautés de ce village et de la commune toute entière, ont appris ces dernières années, à s'accommoder même si cela parait bien difficile.

Afin de voler au secours de ces communautés condamnées désormais à vivre entre inondations sévères, chaleur excessive, pluies tardives, vents violents, la commune d'Adjohoun a été choisie parmi les six localités représentatives des zones agro-écologiques les plus exposées aux risques climatiques dans le cadre du programme d'action national d'adaptation aux changements climatiques du Bénin. Un programme destiné à renforcer les capacités des communautés agricoles pour s'adapter aux changements climatiques dans quatre zones agro-écologiques vulnérables au Bénin.

Ainsi, loin d'apporter des réponses toutes faites, le Coordinateur National du PANA1, Daniel Z. Loconon, au cours de la visite de terrain organisée le 13 mars, a soutenu que le programme vient tout simplement "accompagner" les producteurs et communautés pour promouvoir les savoirs endogènes. Afin d'améliorer leur résilience aux changements climatiques, un train de mesures prioritaires a été mis en marche sur le terrain à travers les différentes composantes du projet. Au titre des réalisations depuis la mise en œuvre effective du projet (réel démarrage en avril 2011), le PANA1 a contribué dans toutes les communes bénéficiaires, à la mise en place des Comités Communaux de Coordination Technique (CCCT) dans les neuf communes bénéficiaires, l'appui à la mise en œuvre des plans d'actions dans les neuf communes. Au total, pour la commune d'Adjohoun, au titre du bilan de l'exécution du plan d'actions communal 2012, 1200 kilos de semences de maïs à cycle court ont été mis à la disposition de 41 bénéficiaires dont 22 femmes sur 40 ha; 20 kilos de produits maraîchers (piment) ont été mis à disposition de 40 bénéficiaires dont 11 femmes sur 20 ha;1500 plants d'Acacia auriculiformis ont été mis en terre sur 0,12 ha, 1650 plants de palmier à huile ont été mis à la disposition de 12 bénéficiaires sur 10,44 ha.

Aujourd'hui, sur le terrain, les plants mis en terre évoluent normalement. Au point où plus de 50% sont déjà en fleur. L'entrée en floraison des plants juste après un an de plantation serait probablement due au fait que les plants mis en terre étaient âgés et en moyenne de 50cm de hauteur et les autres activités tels que le recyclage de producteurs sur le piquetage, la trouaison et la plantation; l'entretien de la forêt villageoise de Houedo-wô, l'appui à la conduite de pépinières du riz et de piment, le labour et le repiquage du riz par l'approche SRI (Système de Riziculture intensive).

Les communautés visiblement satisfaites

"Avant quand on plantait, l'eau venait prendre tout. On était soumis à la bonne volonté de la pluie. on faisait avec nos moyens. Et on ne connaissait que la grande saison", nous raconte le chef de village, Félicien Houessou, qui se rappelle encore comme hier toute leur souffrance avant le programme. En dehors des actions de reboisement, le projet a surtout contribué à développer des semences à cycle court. Et au Responsable communal pour la production agricole, Adango Étienne, de témoigner que c'est grâce au programme que par exemple, les producteurs utilisent des variétés de maïs de 70 jours en remplacement de la variété de 105 jours. En temps de contre saison, des techniques endogènes ont aussi court. C'est le cas de la technique qui consiste à abandonner les herbes après le défrichage pour éviter ou limiter la perte d'eau. Avec les semences à cycle court et les techniques endogènes renforcées, les producteurs comptent leurs acquis et voient leur rendement à l'hectare amélioré. Une amélioration de rendement qui influent positivement sur les revenus des producteurs. De 30.000 FCFA la saison, Lucien Houessou témoigne qu'il gagne aujourd'hui jusqu' à 500.000 FCFA.

Pour le Directeur général de l'environnement, Césaire Gnanglé, les acquis enregistrés par le programme sont le résultat de l'approche participative utilisée fondée sur le renforcement des savoirs endogènes. Et le Responsable communal pour la production agricole, Adango Étienne ne cache pas sa satisfaction quant à la pérennisation des acquis. "Parce que le programme n'a pas importé des technologies et a fondé son approche sur les anciennes pratiques agricoles des producteurs", l'espoir est bien permis. Et les producteurs face aux inondations de plus en plus sévères, immigrent vers la production du riz pour davantage répondre aux effets. Ainsi, face aux changements climatiques, les communautés du village de Ouêdo-Wo, qui hier percevaient les changements climatiques comme une calamité, commencent progressivement à les percevoir comme une opportunité.






Autres articles dans la même rubrique ou dossier: