Kristalina Georgieva, la solution bulgare (bankworld.org)
On ne sait toujours pas si le sort réservé à Rumiana Jeleva est juste. On ne le saura certainement jamais – car pour l'instant aucune preuve à l'appui n'est venue étayer les accusations de conflits d'intérêts – lancées par une compatriote lors de son audition devant les eurodéputés et alors que les médias européens alimentés par les mêmes sources imagine-t-on aisément, aient relayé l'information comme un seul homme. Mais là évidemment n'est pas la question. La justice n'ayant rien à voir avec la décision des différents groupes représentants la gauche à Bruxelles de se «payer» une candidate du PPE. Ils ont cherché la faille et l'ont trouvé sans peine. C'est si facile d'accuser une Bulgare de conflits d'intérêts et de corruption. On peut accuser un Européen d'Occident d'incapacités et l'on en a eut la preuve à travers les auditions de Catherine Ashton ou encore de Neelie Kroes qui elle avait carrément oublié ses fiches de travail dans sa voiture, mais on ne les accusera pas de corruption. La corruption c'est surtout l'affaire des autres et surtout ceux d'Europe centrale encore plus quand il s'agit des Balkans.
Les conservateurs du PPE qui n'ont pas à vrai dire été impressionnants pour défendre Rumiana Jeleva et ne se sont pas comportés mieux en essayant d'accuser le candidat socialiste slovaque de sentiments anti-roms. Toutefois, celui-ci a su mieux parer les coups que Rumiana Jeleva qui a a mal vécue le tir groupé qui lui a été réservé à Bruxelles. Elle s'est dite « atteinte dans son honneur » et a même voulu démissionner de tous ces mandats. Le Premier ministre bulgare a sut quant à lui bien manager ces événements. Il a convaincu la candidate malheureuse de rester aux Affaires étrangères et alors qu'il avait déclaré avoir une solution de rechange en la personne de son ministère de la Défense, c'est une professionnelle des questions environnementales qu'il a proposé à José Manuel Barroso. Il a sut convaincre Kristalina Georgieva de se présenter. On imagine très bien la teneur des négociations qui se sont déroulées. Touchés dans leur orgueil national, convaincus que le candidat issu de la politique politicienne de Sofia serait toujours entaché de soupçons de corruption, la vice-présidente de la Banque mondiale n'a pu faire autrement que d'accepter la sollicitation du Premier ministre bulgare. Il en allait de l'honneur de son pays. Fonctionnaire de l'institution internationale depuis 17 ans, vice-présidente depuis 2008, la carrière de cette spécialiste des questions environnementales - comme par hasard – était toute tracée. Rattrapée par ses origines, elle a accepté de servir son pays au sein de la Commission européenne. Il semble en effet difficile que les députés contre attaquent à nouveau, tant sur ces compétences professionnelles que sur sa probité. Ils auront eu l'occasion de démontrer leur pouvoir grandissant au sein des institutions européennes – surtout depuis le traité de Lisbonne – et de rappeler aux citoyens lambda qu'ils ne sont pas la priorité devant les querelles politiciennes. Rien de neuf.