En 1857, Baudelaire est condamné pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. (c) arnoKath sur Foter.com / CC BY-NC-SA
La dernière cérémonie des Césars a été marquée par les polémiques entourant le film "J’accuse" de Roman Polanski. Des critiques s’étaient exprimées avant la cérémonie du fait des douze nominations du film. L’attribution du César de la meilleure réalisation à "J’accuse" a provoqué une vague d’indignation. On peut comprendre la colère des associations féministes et de certaines personnalités au regard de la gravité des accusations de viol qui pèsent sur Roman Polanski. Toutefois, au-delà du cas Polanski, on assiste à une multiplication des mises en cause d’œuvres et d’artistes pour des raisons morales. Cette situation pose un certain nombre de questions cruciales.
D’abord, quels sont les comportements qui justifient une mise à l’écart d’une œuvre ou d’un artiste ? Encore une fois, dans le cas de M. Polanski, les faits semblent accablants. Mais de Kevin Spacey à Louis C.K en passant par Woody Allen, de nombreux artistes ont été mis en cause alors que, selon les cas, ils n’ont pas été condamnés ou même poursuivis en justice ou qu’ils ne sont pas accusés de crimes. De plus, à la question de la nature du comportement incriminé s’ajoute celle de sa démonstration. Faut-il mettre à l’écart un artiste sur la base d’une simple dénonciation ? Doit-on attendre qu’il y ait poursuite judiciaire ou condamnation ?
Ensuite, quelles formes doivent prendre les "sanctions" à l’égard des artistes convaincus ou soupçonnés de comportements condamnables ? La récompense publique attribuée à Roman Polanski peut être choquante mais doit-on, par exemple, manifester devant les cinémas pour dissuader les gens d’aller voir son film ? Ou doit-on aller jusqu’à exiger, comme ce fut le cas aux Etats-Unis, que Kevin Spacey ne tourne plus ou que le film de Louis C.K ne soit pas distribué ?
Enfin, la mise en cause des artistes et de leurs œuvres doit-elle se limiter aux vivants ou faut-il l’étendre aux morts ? La Cinémathèque française a annulé sous la pression, en 2018, la rétrospective consacrée à Jean-Claude Brisseau, cinéaste condamné en 2005 pour harcèlement sexuel sur deux actrices. Il ne s'agissait pas alors de donner un prix à M. Brisseau mais simplement de projeter ses films. Le cinéaste étant décédé en 2019, une rétrospective est-elle de nouveau envisageable ? On pourrait poser la même question à propos d’artistes disparus depuis longtemps comme, par exemple, Serge Gainsbourg, dont certaines chansons flirtent très clairement avec l’imaginaire pédophile.
L’indignation peut être légitime, l’outrance est sans doute parfois inévitable. Mais il faudra pourtant réussir à débattre calmement de ces questions car elles renvoient à des sujets absolument fondamentaux : la liberté d’expression, la présomption d’innocence, la libre diffusion des œuvres.
D’abord, quels sont les comportements qui justifient une mise à l’écart d’une œuvre ou d’un artiste ? Encore une fois, dans le cas de M. Polanski, les faits semblent accablants. Mais de Kevin Spacey à Louis C.K en passant par Woody Allen, de nombreux artistes ont été mis en cause alors que, selon les cas, ils n’ont pas été condamnés ou même poursuivis en justice ou qu’ils ne sont pas accusés de crimes. De plus, à la question de la nature du comportement incriminé s’ajoute celle de sa démonstration. Faut-il mettre à l’écart un artiste sur la base d’une simple dénonciation ? Doit-on attendre qu’il y ait poursuite judiciaire ou condamnation ?
Ensuite, quelles formes doivent prendre les "sanctions" à l’égard des artistes convaincus ou soupçonnés de comportements condamnables ? La récompense publique attribuée à Roman Polanski peut être choquante mais doit-on, par exemple, manifester devant les cinémas pour dissuader les gens d’aller voir son film ? Ou doit-on aller jusqu’à exiger, comme ce fut le cas aux Etats-Unis, que Kevin Spacey ne tourne plus ou que le film de Louis C.K ne soit pas distribué ?
Enfin, la mise en cause des artistes et de leurs œuvres doit-elle se limiter aux vivants ou faut-il l’étendre aux morts ? La Cinémathèque française a annulé sous la pression, en 2018, la rétrospective consacrée à Jean-Claude Brisseau, cinéaste condamné en 2005 pour harcèlement sexuel sur deux actrices. Il ne s'agissait pas alors de donner un prix à M. Brisseau mais simplement de projeter ses films. Le cinéaste étant décédé en 2019, une rétrospective est-elle de nouveau envisageable ? On pourrait poser la même question à propos d’artistes disparus depuis longtemps comme, par exemple, Serge Gainsbourg, dont certaines chansons flirtent très clairement avec l’imaginaire pédophile.
L’indignation peut être légitime, l’outrance est sans doute parfois inévitable. Mais il faudra pourtant réussir à débattre calmement de ces questions car elles renvoient à des sujets absolument fondamentaux : la liberté d’expression, la présomption d’innocence, la libre diffusion des œuvres.
Ce qui est beau est moral (Flaubert)