Alcool et drogues chez les jeunes


Par Rédigé le 02/01/2019 (dernière modification le 02/01/2019)

Depuis toujours, les paradis artificiels ont été utilisés pour prendre du plaisir ou soulager une douleur. Se faire du bien n’est pas mal en soi mais les problèmes peuvent commencer dès lors qu’on a affaire à de l’abus suivi d’une dépendance. Dans cette enquête nous allons nous intéresser aux processus physiques et psychologiques dus à la consommation d’alcool et de divers drogues en démontrant si le phénomène est marginal ou relativement populaire.


Des chiffres alarmants

La drogue chez les jeunes, phénomène marginal ou populaire? Photo (c) rebcenter-Moscow

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La consommation de drogues, d’alcool ou encore de tabac reste à un niveau relativement élevé chez les jeunes en France malgré les campagnes de sensibilisation, comme nous l’indique les chiffres de MILDECA (la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) en 2014. Avec 60% des jeunes de 17 ans ont déjà été ivres et 50% a connu une alcoolisation ponctuelle importante. Côté tabac, l’usage quotidien est en hausse et se féminise avec 31,5% des jeunes. Pour ce qui est du cannabis, 41,5% des Français de 17 ans ont déjà essayé le cannabis, 6,5% en fait même un "usage régulier. De telles habitudes peuvent entraîner des risques importants pour la santé comme des troubles respiratoires et cardiovasculaires voire un cancer.

De telles habitudes peuvent entraîner des risques sur du long terme (cancer, problèmes cardiovasculaires) mais également immédiats (coma éthylique, perte de connaissance, overdose). L’alcool reste la première cause de mortalité sur les routes avec 1.000 décès par an (source: OMS) du au fait que celui-ci diminue la vigilance et les réflexes. En vue de ces risques, une prise en charge rapide déterminera la survit de l’individu.


Alcool et drogues: les effets physiques et mentaux

L’alcool est la première substance psychoactive expérimentée par les jeunes. L’alcool et les drogues comportent des effets psychologiques et physiques conduisant à un pouvoir désinhibant, modifiant la perception du risque, du comportement, de l’activité mentale voire de l’humeur. A l’évidence, le danger qu’encoure le consommateur victime de l’alcool ou dépendant d’une drogue n’est pas sans risque pour son entourage. En particulier, trop d’alcool impacte d’importants ravages sociaux. D’après MILDECA, en 2013, l’alcool est à l’origine de 25% des actes de maltraitance sur enfant, 30% des viols et agressions sexuelles, 40% des violences conjugales. Ironiquement, la taxation des produits les plus consommés en France est également la moins élevée: alors que les vins et champagnes représentent plus de la moitié des alcools consommés.

La consommation de cocaïne dépasse les cercles "branchés" et touche maintenant une population beaucoup plus jeune. La cocaïne, sous une forme plus addictive devient du "crack", une substance généralement consommée par une population plus marginalisée. Les amphétamines voire la caféine et la nicotine dans une mesure moindre ont un effet excitant.

Dans la même famille, nous retrouvons l’ecstasy et les nouvelles drogues de synthèse qui circulent fréquemment dans les raves parties et les milieux festifs en général.

A l’inverse, l’héroïne diminuent l’activité du cerveau, ce qui peut donner un sentiment de calme, de relaxation, voire provoquer l’endormissement. L’opium et la morphine font partie de cette catégorie de drogues. La majeure partie de la population consommatrice d’héroïne bénéficie de traitements de substitution aux opiacés délivrés par des médecins: la méthadone et le subutex. Toutefois, ces médicaments entraîne une dépendance qu’il faut impérativement encadrer afin d’éviter les mauvais usages voire la revente. Par ailleurs, si l’on prévoit une réelle perspective de sortie de la toxicomanie, il est important que les traitements s’accompagnent d’un sevrage progressif et d’une prise en charge psychologique.

Pour ce qui est des perturbateurs comme le cannabis, le LSD, la mescaline ou le PCP (phénylcyclidine) les risques concernent l’altération du fonctionnement cérébral comme la mémoire ou l’apprentissage.

La polytoxicomanie, pratique assez courante, est l’association: alcool, médicaments, tabac, ce cocktail explosif est d’autant plus dangereux que les effets des drogues sont considérablement amplifiés.

Les trois étapes de l’addiction

L’usage est la première phase qui correspond à une consommation sans effet nocif. En revanche, on parle d’abus lorsque ces effets sont présents mais que l’on consomme tout de même. Quant à la dépendance, elle survient quand on perd le contrôle de sa consommation. Il faut savoir que nous sommes inégaux face au cercle vicieux de l’addiction. Elle peut-être génétique, certes, mais également liée à une période de vulnérabilité.

Pour cette enquête, on a interviewé Agnès, une femme de 58 ans, membre des Alcooliques Anonymes à Paris et y travaillant bénévolement. Elle nous en dit plus sur ce véritable fléau tout en nous expliquant les différentes méthodes de soins.

"Ça va faire 15 ans que je n’ai pas bu une goutte d’alcool", en parlant de son expérience, elle parle de celle des autres aussi. Pour commencer, l’alcoolisme a été reconnu maladie mentale et physique par l’OMS donc "c’est bien réel". L’arrêt doit se faire du jour au lendemain impérativement, en mettant une distance entre le produit et nous. Suivi d’une longue période de sevrage qui mène au rétablissement.

"Ce n’est jamais fini. On stop l’évolution de la maladie mais on en guérit pas". Le sevrage reste une étape déterminante dans la survit du patient qui peut mourir si c’est trop brutal. Il existe trois types d’aide, médical, psychologique, entre-aide entre les patients. Il faut savoir que le traitement médical peut causer des pertes d’appétit et les anxiolytiques, une dépendance. Par ailleurs, il existe de nouvelles molécules (RTU) permettant de réduire la dépendance: "Personnellement je ne le conseille pas. On ne connait pas encore les retombés de ce nouveau médicament miracle" précise Agnès. Le suivi psychologique est une manière de comprendre pourquoi on a commencé à boire mais cela ne suffit pas à arrêter. Toutefois, il est intéressant de savoir pourquoi à une période douloureuse, l’alcool est devenu une solution. Enfin, les cures liées au parcours thérapeutique, également appelés "les 12 étapes" sont du domaine spirituel: accepter son mal, sans contrôle mais en lâchant prise.

"Le soutien des paires"

"Si tu veux, tu ne seras plus seul", ainsi commence les réunions. "Personne ne force personne ici, il faut juste de la bonne volonté, il faut se dire je ne suis pas responsable de ma maladie mais je serai responsable de mon rétablissement", relativise Agnès. "Pour ma part, j’avais l’impression d’être la seule mère de famille qui oubliait ses enfants à l’école, ça donne beaucoup d’espoir. J’avais l’impression d’être une merde, c’est quelque chose qui a détruit ma vie, m’a rendu folle. J’ai jamais su contrôler, un verre ce n’était pas assez, mille verres c’était trop" se confie Agnès. Des réunions existent un peu partout en France même dans les endroits reculés. Sinon, il y a le téléphone où des personnes comme Agnès répondent.

"Chez les jeunes, la consommation est violente dans leur recherche d’ivresse!"

La moyenne d’âge au sein des réunions est assez élevée, comme nous l’indique Agnès "il faut du temps, une certaine maturité, pour s’avouer vaincu". Lorsqu’on sombre dans l’alcool, "on ne veut plus fréquenter personne, on ne devient d’ailleurs pas fréquentable". Il est donc souvent difficile de reprendre sa place au sein de sa famille, au travail voire d’aller chez le coiffeur ou au restaurant… L’absence d’alcool doit être combler par des activités et un renouement avec sa vie sociale et professionnelle.

"Le vide se comble par la vie", c’est sur cette belle citation que notre entretien prend fin. Depuis, Agnès continue son combat informatif au sein de l’association mais également en prison.







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