Alain Decaux: la voix de l’Histoire s’est éteinte


Par Rédigé le 29/03/2016 (dernière modification le 29/03/2016)

La disparition, dimanche 27 mars 2016, de l’historien Alain Decaux suscite de nombreux hommages. Cette voix bien connue des Français s’est tue pour toujours mais elle restera gravée dans la mémoire collective comme celle d’un homme qui aimait passionnément notre culture.


Une figure du paysage littéraire et audiovisuel

Illustration (c) Jean-Jacques Beltramo

Alain Decaux hommage.mp3  (132.86 Ko)

Né à Lille en en 1925, Alain Decaux aurait fêté ses 91 ans cet été. Une longue vie qui fut aussi une longue carrière puisque, dès 1950, son second ouvrage, "Letizia", était couronné de succès par l’Académie française.

Ami de Sacha Guitry, admirateur d’Alexandre Dumas auquel il a consacré un "dictionnaire amoureux", biographe de Victor Hugo, on lui doit aussi les dialogues du film "Les Misérables" de Robert Hossein. Mais cet homme de lettres était avant tout un passionné d’histoire, passion qu’il s’est appliqué à transmettre toute sa vie durant, notamment à la radio et la télévision, mais aussi à travers une soixantaine d’ouvrages dont "C’était au XXe siècle", en quatre volumes.

Dès 1951, il anime "Les Tribunes de l’Histoire" sur Paris-Inter qui deviendra France Inter. Jusqu’en 1997, cette émission radiophonique ravira des millions de personnes. Puis l’historien prend le chemin de la télévision en 1969, avec la célèbre émission mensuelle "Alain Decaux raconte", dans laquelle il présente (jusqu’en 1988) personnages et événements historiques avec l’art consommé du conteur. André Vallini, actuel secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie, témoigne de l’importance de cette figure: "Je me souviens avant tout d'Alain Decaux raconte diffusée sur Antenne 2. C'était à chaque fois un moment de grand bonheur pour moi, passionné d'histoire. J'ai toujours été frappé par le dépouillement de l'émission: Alain Decaux était seul, face caméra, avec quelques photos à sa disposition et il nous tenait en haleine pendant 1h30. Plus petit, je regardais religieusement avec mon père "La caméra explore le temps", une émission de Stellio Lorenzi à la fin de laquelle André Castelot et Alain Decaux débattaient. J'avais 8-10 ans mais je ne ratais aucun numéro" raconte-t-il au Journal Du Dimanche.


Hommages de ses admirateurs

L’hommage d’André Vallini prend tout son sens quand on sait qu’Alain Decaux fut le premier a étrenner le poste de ministre de la Francophonie, sous le gouvernement Rocard, en 1988. Une fonction que l’académicien (élu en 1979) sut rendre prestigieuse et déterminante pour le rayonnement de la France. " Les Français aiment leur langue, leur Histoire, ils aiment qu'on leur parle de francophonie et Alain Decaux y est pour quelque chose" s’émeut encore l’actuel ministre. Cet amour de la langue française, porté haut par l’historien, s’est d’ailleurs immortalisé par la création d’un prix à son nom: depuis 1999 existe le Prix Alain Decaux de la Francophonie.

Stéphane Bern, qui a en quelque sorte repris le flambeau de cet illustre prédécesseur, se déclare particulièrement affligé d’avoir perdu son modèle.
Mais il n'est pas le seul a rendre hommage à celui dont la voix et le talent ont su donner le goût de l'Histoire à des millions de Français. "Alain Decaux avait la passion de l'histoire. Parce qu'il aimait la France, et parce qu'il voulait que la République transmette à chacun la compréhension du monde. Il avait saisi avant d'autres la force de l'audiovisuel pour offrir au plus grand nombre le récit de notre histoire nationale. Il a fait aimer l'histoire, grâce à ses nombreux livres et à ses émissions qui ont captivé le public à la radio et à la télévision", a déclaré François Hollande.

Sur les réseaux sociaux, de très nombreuses personnalités politiques mais aussi des journalistes et de nombreux anonymes témoignent de l'affection et de l'admiration que ce grand homme suscitait.






Autres articles dans la même rubrique ou dossier: