3 mai 2020 : liberté de la presse vous avez dit ?


Par Rédigé le 03/05/2020 (dernière modification le 03/05/2020)

La 27ème édition de la journée mondiale de la liberté de la presse se tient cette année dans un contexte marqué par la maladie à covid-19. La pandémie qui a ébranlé le monde en quelques mois tient certes le haut du pavé de l’actualité. Mais elle ne saurait éclipser les faits relatifs aux manquements à la liberté de la presse observés çà et là.


La pandémie de Covid-19 avec ses conséquences à terme met en lumière et amplifie les crises multiples qui menacent l’avenir du journalisme. (c) Unesco
"Nous entrons dans une décennie décisive pour le journalisme, et le coronavirus est un facteur multiplicateur" avertit Reporter sans frontières (RSF) dans son rapport 2020 sur la liberté de presse dans le monde. L’organisation internationale qui, à travers son classement mondial de la liberté de la presse, évalue tous les ans la situation du journalisme dans 180 pays et territoires, attire l’attention. Pour elle, les dix prochaines années seront sans doute décisives pour la liberté de la presse. En effet, la pandémie de Covid-19 avec ses conséquences à terme met en lumière et amplifie les crises multiples qui menacent l’avenir du journalisme. RSF observe qu’entre tentatives de censures ou suspensions de leurs medias, les violences physiques à l’encontre de leurs personnes, les emprisonnements arbitraires, etc., les professionnels des médias ont été une fois de plus à la peine aux quatre coins du monde. Certains parmi eux ont même payé de leur vie leur serment d’exercer normalement leur métier. Par ailleurs, les guerres au Moyen-Orient, la montée des extrémismes en Occident, le crime organisé en Amérique latine et les dictatures en Afrique sont des contextes qui ne favorisent pas la liberté de la presse.

Liberté de la presse et Coronavirus

Voix off liberté de la presse.mp3  (7.69 Mo)

Les statistiques de Reporters sans frontières établissent de façon spécifique un rapport patent entre la remise en cause de la liberté de la presse du fait de la pandémie de coronavirus et la place qu’occupent des pays dans le classement mondial. Dans son rapport, RSF cite notamment les cas de la Chine et de l’Iran.

Classés respectivement 177e et 173e ces deux pays ont profité du fait qu’ils sont de grands foyers de la pandémie pour mettre en place des dispositifs de restriction massive de la liberté de la presse. Autre exemple : en Irak (162e, -6), l’agence de presse Reuters a vu sa licence suspendue pour trois mois, quelques heures après avoir publié une brève remettant en cause les chiffres officiels des cas de coronavirus.

Et ce n’est pas tout. Même en Europe, en Hongrie (89e,-2) notamment, le "tout puissant" Premier ministre, Viktor Orban, a fait voter une loi dite « coronavirus » qui prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison en cas de diffusion de fausse information sur ce sujet. Tout ceci a amené Christophe Deloire, secrétaire général de RSF à déclarer : "La crise sanitaire est l’occasion pour des gouvernements autoritaires de mettre en œuvre la fameuse “doctrine du choc” : profiter de la neutralisation de la vie politique, de la sidération du public et de l’affaiblissement de la mobilisation pour imposer des mesures impossibles à adopter en temps normal".
 

L’index 2020

Pendant que certains pays font des efforts pour améliorer leur situation, d’autres par contre continuent de stagner en bons derniers du classement. C’est ainsi que selon l’index RSF 2020 de la liberté de la presse, la Norvège maintient pour la quatrième année consécutive sa place de première. Suit la Finlande qui conserve son rang de 2e. Le Danemark est classé 3e. La Suède, en baisse d’un point, occupe le 4e rang. Les Pays-Bas, confrontés à une recrudescence de cyber-harcèlement, arrivent en 5e position. À l’autre extrême du classement, peu de changements : La Corée du Nord (180e) comme à son habitude vient en toute dernière place.

Concernant le continent africain, l’ONG affirme avoir constaté de légers progrès dans la partie subsaharienne. La situation demeure globalement inquiétante dans les autres régions. Comme toujours, des contrées comme l’Erythrée (178e), le Soudan et Djibouti détiennent le palmarès des mauvais élèves. De façon intermédiaire, le Togo, la Guinée, le Tchad, le Cameroun ou la République démocratique du Congo (RDC), se font remonter les bretelles surtout en matière de couverture des manifestations à caractère politique.

Au regard de tout cela, tout porte à croire que les professionnels de la plume, de l’image et du micro, resteront encore pour longtemps la mauvaise conscience de nombre de dirigeants du monde.

Le cas Drareni en Algérie

En dépit de la présence du covid-19 en Algérie (141e au Classement mondial de la liberté de la presse), la justice algérienne n’a rien eu de mieux à faire que d’incarcérer le journaliste indépendant Khaled Drareni le 29 mars dernier. Le correspondant de RSF a été écroué en application d’un mandat de dépôt délivré quelques jours plus tôt. Une détention provisoire qui fait suite à sa mise en examen pour "incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale" , le 10 mars 2020.

L’ONG Reporters sans frontières dénonce l’incarcération par le régime algérien du journaliste indépendant Khaled Drareni. Plus que jamais, selon elle, les derniers médias libres du pays sont en danger.

Commémorant la journée mondiale de la liberté de la presse ce 3 mai 2020, des journalistes du Podcast Journal, venus de divers horizons, à travers des vidéos, ont témoigné leur soutien à leur confrère Khaled Drareni et ont exigé sa libération immédiate et sans condition.










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