L'Orfeo 55 complice comme pas deux
Nathalie Stutzman Haendel.mp3 (79.72 Ko)
"L’idée de ce programme me taraudait depuis longtemps... En fait, depuis la première fois où j’ai chanté le rôle-titre d’Amadigi. J’étais dans la lumière avec ces grands airs héroïques du personnage, et pourtant je m’extasiais devant la beauté de l’air du second rôle, Dardano, qui chantait "Pena tiranna" et me semblait bien plus intéressant et expressif que la plupart des airs qui m’étaient dévolus! Étant toujours sollicitée depuis mes débuts pour les rôles phares de contralto dans ces grands opéras, que ce soit Giulio Cesare, Orlando, Radamisto et tant d’autres, je rêvais de pouvoir, ne serait-ce que le temps d’un récital, me plonger avec délice dans les ombres des ouvrages et mettre en lumière ce répertoire de deuxième voire même troisième "plan", comme on dit à l’opéra, et dont le public ne se souvient pas en sortant de la salle, mais qui pourtant l’a bouleversé pendant quelques minutes de parenthèse lors du spectacle. Un peu comme ces acteurs extraordinaires qui jalonnent le cinéma, dont on connaît la voix, le visage, mais dont on peine toujours à retrouver le nom..."
L’initiative est curieuse. Le propos ambitieux. Enregistrer un disque avec des airs confiés à des personnages secondaires, ces héros de l’ombre comme l’indique si justement le titre de l’album, parfois même sacrifiés en scène, voilà un projet qui sort de la routine éditrice, on le sait, l’ennui venant un jour de l’uniformité…
Allons-y franco. Admirateur inconditionnel de la Diva et connaissant la curiosité naturelle de notre Nathalie Stutzmann nationale, internationale, intergalactique, ce n’est pas sans une certaine crainte teintée d’enthousiasme voire d’un tantinet de scepticisme que nous sommes partis à la découverte de ces raretés puisées dans le répertoire du Caro Sassone, terrain d’élection de notre artiste.
Tenir en haleine l’auditeur pendant une heure et vingt minutes avec du Haendel inconnu, oublié, parfois méprisé, relevait de la gageure, la belle Nathalie surfant sur la vague de l’originalité, le pari était donc risqué.
Il est ici relevé haut la main. Pas une once d’ennui dans cette mer calme à peu agitée, cet heureux voyage en terre presque inconnue où l’artiste passe par toutes les palettes des sentiments humains.
Et puis, et puis… On ne discute pas Nathalie Stutzmann. Elle est là. Elle règne. On s’incline devant son organe fabuleux, sa technique de haut vol capable de regarder en face les folles vocalises dans une stupéfiante alacrité, un fabuleux aplomb.
On ne se lasse pas de redécouvrir, de saisons en saisons un métier sans faille au service d’une expression et d’une intelligence musicale rares, avec toujours cette impression d’aisance rigolote, de virtuosité qui laisse baba.
D’Ariodante à Tamerlano, de Giulio Cesare à Rodelinde en passant par Amadigi di Gaula, Partenope, Orlando ou Agrippina, cette voix, ces lèvres, cette matière douce, charnelle, parfois cristalline, subliment ces incarnations où règnent le feu de l’amour, l’eau sombre de la mort, l’ouragan, la ruine ou la nuit. Le duo Sesto-Cornelia avec Philippe Jaroussky en guest star relève d’une dualité réjouissante.
Trouvant dans son "Orfeo 55" une complicité, une écoute de longue date, inutile de préciser que l’écrin musical concocté et servi par Nathalie elle-même, plein d’imagination, riche de virulence, de couleurs, rayonne de bonheur, offre noblesse et chaleur. Les sinfonie tirées de Poro, Serse et Scipione relient habilement les airs entre eux, comme un repos pour l’oreille et la voix.
L’initiative est curieuse. Le propos ambitieux. Enregistrer un disque avec des airs confiés à des personnages secondaires, ces héros de l’ombre comme l’indique si justement le titre de l’album, parfois même sacrifiés en scène, voilà un projet qui sort de la routine éditrice, on le sait, l’ennui venant un jour de l’uniformité…
Allons-y franco. Admirateur inconditionnel de la Diva et connaissant la curiosité naturelle de notre Nathalie Stutzmann nationale, internationale, intergalactique, ce n’est pas sans une certaine crainte teintée d’enthousiasme voire d’un tantinet de scepticisme que nous sommes partis à la découverte de ces raretés puisées dans le répertoire du Caro Sassone, terrain d’élection de notre artiste.
Tenir en haleine l’auditeur pendant une heure et vingt minutes avec du Haendel inconnu, oublié, parfois méprisé, relevait de la gageure, la belle Nathalie surfant sur la vague de l’originalité, le pari était donc risqué.
Il est ici relevé haut la main. Pas une once d’ennui dans cette mer calme à peu agitée, cet heureux voyage en terre presque inconnue où l’artiste passe par toutes les palettes des sentiments humains.
Et puis, et puis… On ne discute pas Nathalie Stutzmann. Elle est là. Elle règne. On s’incline devant son organe fabuleux, sa technique de haut vol capable de regarder en face les folles vocalises dans une stupéfiante alacrité, un fabuleux aplomb.
On ne se lasse pas de redécouvrir, de saisons en saisons un métier sans faille au service d’une expression et d’une intelligence musicale rares, avec toujours cette impression d’aisance rigolote, de virtuosité qui laisse baba.
D’Ariodante à Tamerlano, de Giulio Cesare à Rodelinde en passant par Amadigi di Gaula, Partenope, Orlando ou Agrippina, cette voix, ces lèvres, cette matière douce, charnelle, parfois cristalline, subliment ces incarnations où règnent le feu de l’amour, l’eau sombre de la mort, l’ouragan, la ruine ou la nuit. Le duo Sesto-Cornelia avec Philippe Jaroussky en guest star relève d’une dualité réjouissante.
Trouvant dans son "Orfeo 55" une complicité, une écoute de longue date, inutile de préciser que l’écrin musical concocté et servi par Nathalie elle-même, plein d’imagination, riche de virulence, de couleurs, rayonne de bonheur, offre noblesse et chaleur. Les sinfonie tirées de Poro, Serse et Scipione relient habilement les airs entre eux, comme un repos pour l’oreille et la voix.