Adrienne Lecouvreur Nice.mp3 (53.19 Ko)
Adrienne Lecouvreur, comme Tosca montre encore une fois l’envers d’un cœur, les tourments de l’amour et la mort d’amour d’une prima donna, ici de théâtre et non d’opéra.
Lecouvreur est un rôle sublime, digne, disent les mauvaises langues, des plus grandes chanteuses sur le déclin car elles peuvent y étaler, sur une musique pleine de contrastes, un prisme d’infinies et infinitésimales nuances et émotions, l’emploi d’un fil di voce pathétique et sublimé, des échanges passionnés avec un partenaire ténor amoureux (le vrai, le beau et martial Maurice de Saxe) avec, pour couronner le tout, une empoignade avec une terrible rivale (la Princesse de Bouillon, mezzo-soprano évidemment).
Avouons-le bien bas: il est difficile de résister au charme vénéneux et subtil de cet opéra de Cilea, qui, tel le poison versé dans les fleurs offertes à sa rivale, s’infiltre en vous avec délectation pour mieux vous faire mourir de plaisir.
Rien à jeter dans cette œuvre brillante où se côtoient bruits de coulisses, ruelles, boudoirs, intrigues amoureuses dans une vraie atmosphère de théâtre dans le théâtre qui sied bien finalement à ce drame propre, soigné, au vérisme mélodieux , "petit bourgeois" certes mais regorgeant de lyrisme, de grands élans vocaux sur une musique chatoyante, pittoresque, virevoltante, riche en couleurs, en relief et où les instruments sont à la foi parure et soutien aux voix qui s’épanchent ici en gerbes généreuses ou en phrases à fior di labbra…
La nouvelle production présentée par l’Opéra de Nice réunissait tous les ingrédients pour un succès assuré. Une mise en scène moderne sur le fond et la forme (Francesco Micheli) même si parfois une chatte n’y retrouverait pas ses petits dans ce jeu constant du théâtre dans le théâtre. Une fois de plus c’est l’histoire d’une femme et non d’une vedette de la scène qui domine.
Quiconque découvrant l’œuvre sans préparation pouvait sans honte se sentir "largué": peu de rappel historique dans les costumes d’Alessio Rosati, cinquante projecteurs braqués sur le public et d’une violence rare, une figuration mortifère très comedia dell’arte en deuil…
Tout cela sent le décapage de bon aloi, une modernité non pas agressive mais forte et sensée dans son intellectualisme, sa recherche d’une mise en abîme du milieu du spectacle. Rosati, encore une fois intrigue, affole, amuse et déconcerte.
Qui joue quoi avec qui ou quoi dans cette atmosphère sinistre d’intrigues, complots, machinations sombres et compliquées où l’anecdote devrait se hausser au niveau de la petite Histoire? Tout simplement un monde déliquescent qui court au désastre. Le nôtre?
Venons-en aux voix. Cristina Pasaroiu, vingt-sept ans aux prochaines violettes, évite la larme en clin d’œil, le pathétique facile. Et prouve de belle manière que l’on peut éviter de"gueuler" son récit et interpréter Cilea et les néo-véristes sans donner dans le mélo, dans une sensualité larmoyante. Voilà une Adriana fragile et solide à la fois, douce, tendre, tiède, caressante mais pleine aussi de robustesse, de corps, de de poids dramatique, de nerfs avec cette constante attention à la beauté du son. Les airs attendus sont d’une intelligence, d’une pudeur, d’une fraîcheur intacte. Fascinante Prima Donna!
Superbe de vaillance, Bruno Ribeiro offre lui aussi une interprétation pleine de passion et de sensibilité vraie. Son Maurizio, fagoté comme l’as de pique, convainc et emballe. La voix, au sex-appeal irrésistible dans le timbre et le ton, son aigu si facile, son timbre si clair, d’une saisissante poésie, est un régal.
Dans un rôle de grande dame criminelle, Laura Brioli, par moments aurait plus sa place à l’Ambigu qu’à la Comédie-Française. Mais quel timbre, riche et sombre, superbe et fort, quel abattage, quelle autorité, quelle somptuosité de pâte!
Une mention spéciale pour le Michonnet de Davide Damiani, robuste lui aussi, bonhomme, humain, trop humain. Steven Cole en Abbé de Chazeuil achève de nous séduire.
Satisfecit global pour le reste du plateau. Aussi bon danseurs que chanteurs-comédiens, les Demoiselles Jouvenot et Dangeville (Gabrielle Philiponet et Juliette de Banes Gardonne) s’entendaient fort bien avec leurs compères Quinault (Alessandro Spina) ou Poisson (Fréderic Diquero) à coups d’éventails ou malices réglées.
Sans rire, deux découvertes pour finir: un orchestre Philharmonique de Nice dans une forme éblouissante, comme on ne l’a jamais entendu, transcendé, transcendant. Ce qui sort de la fosse est simplement fabuleux. L’allemand Roland Boër, lyrique, élégant, jamais insistant, attentif aux voix peut être fier de son travail.
Lecouvreur est un rôle sublime, digne, disent les mauvaises langues, des plus grandes chanteuses sur le déclin car elles peuvent y étaler, sur une musique pleine de contrastes, un prisme d’infinies et infinitésimales nuances et émotions, l’emploi d’un fil di voce pathétique et sublimé, des échanges passionnés avec un partenaire ténor amoureux (le vrai, le beau et martial Maurice de Saxe) avec, pour couronner le tout, une empoignade avec une terrible rivale (la Princesse de Bouillon, mezzo-soprano évidemment).
Avouons-le bien bas: il est difficile de résister au charme vénéneux et subtil de cet opéra de Cilea, qui, tel le poison versé dans les fleurs offertes à sa rivale, s’infiltre en vous avec délectation pour mieux vous faire mourir de plaisir.
Rien à jeter dans cette œuvre brillante où se côtoient bruits de coulisses, ruelles, boudoirs, intrigues amoureuses dans une vraie atmosphère de théâtre dans le théâtre qui sied bien finalement à ce drame propre, soigné, au vérisme mélodieux , "petit bourgeois" certes mais regorgeant de lyrisme, de grands élans vocaux sur une musique chatoyante, pittoresque, virevoltante, riche en couleurs, en relief et où les instruments sont à la foi parure et soutien aux voix qui s’épanchent ici en gerbes généreuses ou en phrases à fior di labbra…
La nouvelle production présentée par l’Opéra de Nice réunissait tous les ingrédients pour un succès assuré. Une mise en scène moderne sur le fond et la forme (Francesco Micheli) même si parfois une chatte n’y retrouverait pas ses petits dans ce jeu constant du théâtre dans le théâtre. Une fois de plus c’est l’histoire d’une femme et non d’une vedette de la scène qui domine.
Quiconque découvrant l’œuvre sans préparation pouvait sans honte se sentir "largué": peu de rappel historique dans les costumes d’Alessio Rosati, cinquante projecteurs braqués sur le public et d’une violence rare, une figuration mortifère très comedia dell’arte en deuil…
Tout cela sent le décapage de bon aloi, une modernité non pas agressive mais forte et sensée dans son intellectualisme, sa recherche d’une mise en abîme du milieu du spectacle. Rosati, encore une fois intrigue, affole, amuse et déconcerte.
Qui joue quoi avec qui ou quoi dans cette atmosphère sinistre d’intrigues, complots, machinations sombres et compliquées où l’anecdote devrait se hausser au niveau de la petite Histoire? Tout simplement un monde déliquescent qui court au désastre. Le nôtre?
Venons-en aux voix. Cristina Pasaroiu, vingt-sept ans aux prochaines violettes, évite la larme en clin d’œil, le pathétique facile. Et prouve de belle manière que l’on peut éviter de"gueuler" son récit et interpréter Cilea et les néo-véristes sans donner dans le mélo, dans une sensualité larmoyante. Voilà une Adriana fragile et solide à la fois, douce, tendre, tiède, caressante mais pleine aussi de robustesse, de corps, de de poids dramatique, de nerfs avec cette constante attention à la beauté du son. Les airs attendus sont d’une intelligence, d’une pudeur, d’une fraîcheur intacte. Fascinante Prima Donna!
Superbe de vaillance, Bruno Ribeiro offre lui aussi une interprétation pleine de passion et de sensibilité vraie. Son Maurizio, fagoté comme l’as de pique, convainc et emballe. La voix, au sex-appeal irrésistible dans le timbre et le ton, son aigu si facile, son timbre si clair, d’une saisissante poésie, est un régal.
Dans un rôle de grande dame criminelle, Laura Brioli, par moments aurait plus sa place à l’Ambigu qu’à la Comédie-Française. Mais quel timbre, riche et sombre, superbe et fort, quel abattage, quelle autorité, quelle somptuosité de pâte!
Une mention spéciale pour le Michonnet de Davide Damiani, robuste lui aussi, bonhomme, humain, trop humain. Steven Cole en Abbé de Chazeuil achève de nous séduire.
Satisfecit global pour le reste du plateau. Aussi bon danseurs que chanteurs-comédiens, les Demoiselles Jouvenot et Dangeville (Gabrielle Philiponet et Juliette de Banes Gardonne) s’entendaient fort bien avec leurs compères Quinault (Alessandro Spina) ou Poisson (Fréderic Diquero) à coups d’éventails ou malices réglées.
Sans rire, deux découvertes pour finir: un orchestre Philharmonique de Nice dans une forme éblouissante, comme on ne l’a jamais entendu, transcendé, transcendant. Ce qui sort de la fosse est simplement fabuleux. L’allemand Roland Boër, lyrique, élégant, jamais insistant, attentif aux voix peut être fier de son travail.